Le rire aztèque
Gipsy tome 6
Marini et Smolderenéditions Dargaud 2002

Comme nous approchons du
Dia de muertos, vous pouvez vous mettre dans l’ambiance avec l’album de Marini et Smolderen, Gipsy – « Le rire aztèque ». Dans un monde ravagé par des climats extrêmes, le nord étant soumis à une période glaciaire due au trou de la couche d’ozone, les transports se font par camions sur la route circumpolaire. Gipsy est un de ses routiers, avec de gros biscottos et un langage de charretier. Il lui faut livrer au Parador, pays d’Amérique centrale, des vaccins contre la terrible maladie nommée rire aztèque, qui provoque chez les malades des accès de fureurs cannibales. Le virus n’arrête pas de muter, provoquant une course aux médicaments. Les cartels de la drogue (déjà !) se transforment en trafiquants de virus et de vaccins, dans un paysage calqué sur celui de
Oaxaca. En effet, l’action se déroule à Coaxaca, et Gipsy sera aidé par les Tixis, allusion aux indiens
Triquis qui, par leur régime alimentaire particulier, seront à l’origine du nouveau vaccin.
Les décors dessinés par Marini sont très inspirés par
Jose Guadalupe Posada, le père des
calaveras. Les temples mixtèques de bonne facture, les villages à l’ambiance bien rendue et les costumes très fidèles donnent au dessin une touche mexicaine indéniable et réussie. On regrettera par contre le coté bimbo des filles, munies de jambes galbées, de fesses rebondies et de lolos gros. On reste loin du porno, mais l’érotisme obtenu est plus trash que romantique. De même certaines répliques sont d’une grossièreté totalement inutile. Enfin, l’excès de dessins basés sur des perspectives, contre-perspectives, vues plongeantes ou montantes ont amené quelques images aux disproportions flagrantes.
C’est donc un album divertissant qui, s’appuyant sur une recherche précise, obtient la mexicanité recherchée pour les dessins. Le scénario, classique, est bien mené. Le seul bémol étant cette regrettable volonté de coller aux tournures de langages contemporaines, faisant un peu de cette BD ce que la série SAS est à la littérature.